Chère famille, chers amis,
Voici 10 jours que j'ai atterri sur cette d'Amérique. Après les beautés classiques et baroques de Saint-Pétersbourg me voici dans la ville qui aura inspiré tant d'architectes du XXe siècle !
L'arrivée lundi 11 Juillet fut sans problèmes si ce n'est la longue attente pour le passage devant la police aux frontières, et aussi par ce que nous avions atterri après un vol en provenance de la Chine, les formalités dans ce cas étant toujours plus longues !
La sortie de l'aéroport vers le Centre-ville fut une promesse d'un été chaud ! Une chaleur écrasante nous attendait à la sortie, une humidité très lourde la rendait encore moins supportable, serait-ce tout l'été ainsi ? N'ayant pas beaucoup changé le contenu de ma valise entre Saint-Pétersbourg et New-York je me voyais déjà cuire à petit feu dans les seuls pantalons que j'avais apporté et me précipiterai acheter des shorts (culottes courtes en Français n'est-ce pas ?).
J'arrivais dans Manhattan dans l'appartement de ma cousine Séverine expatriée ici, partie pour quelques jours en voyage d'affaire.
Très bel appartement dans un quartier calme de Manhattan, les maisons y sont basses, ressemblant à celles des quartiers de Westminster à Londres. Les frises des corniches des maisons sont dans un style néo-grec, typiques à NY à la fin du XIXe siècle.
Au Nord, le quartier vertical de Mid Town où se situent les deux beaux gratte-ciel de l'Empire State Building et surtout le très beau Chrysler Building, avec ses aigles chromés aux corniches, comme des gargouilles menaçants, et sa très fine flèche que l'on reconnaît dans tout NY. Ces deux tours restent parmi les plus hautes de NY quand bien même elles furent achevées repesctivement en 1931 et 1930, devenant à l'époque les plus hauts bâtiments du monde (la Tour Eiffel est un monument) !
Et au Sud le quartier financier de Wall Street tout aussi vertigineux, au bord de la baie, d'où partent les bateaux vers Ellis Island, et toutes les îles qui entourent la grande île de Manhattan.
Les quartiesr entre les deux sont constitués de petites maisons car il est impossible de construire des tours pour des raisons géologiques.
Le mardi matin je commençais ma première journée de stage. J'ai été pris pour 2 mois et 3 semaines au sein de l'organisation "Catholic Family and Human Rights Institute", ou C-FAM.
Le bureau est dans Mid-Town, au pied du Chrysler Building, il est spacieux et nous sommes neuf à y travailler dont 4 stagaires : Cristina, une jeune Mexicaine et son amie Catherine de Phoenix en Arizona (4e ville du pays), ville dans laquelle elles ont participé à une préparation juridique et une formation organisée par une union de mouvements pro-vie américains, protestants et catholiques réunis, appelés Blackstone, du nom du célèbre juriste Anglais de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. Les jeunes participants à cette formation sont ensuite envoyés dans tous les coins des EU mais aussi à Rome, en Afrique du Sud, soit dans des institutions internationales soit dans des cabinets juridiques de défense de la vie.
Avec ces deux stagiaires je suis rentré directement dans le monde des Pro-Vie américains et mexicains, organisés et très effectifs. En effet, depuis une dizaine d'années, ces mouvements ont réussi à faire fermer plus de la moitié des centres d'avortement sur le territoire des EU, diminuant par là le nombre d'avortements dans le pays, qui reste encore légèrement supérieur proportionnellement à la France (1,2 millions d'avortements par an aux EU, pour 220 000 en France, avec une population presque 5 fois supérieure).
Le troisième stagiaire Daniel est un jeune afro-américain de Brooklyn qui se destine à entrer au séminaire en septembre.
L'équipe est constituée encore de Amanda, américaine d'origine polonaise, Florenzia, une Argentine ayant vécu longtemps et étudié le droit aux EU, elle étudie l'action des Nations-Unies dans certains pays d'Amérique Latine (en ce moment le Costa Rica), où les agences de l'organisation internationale tentent d'imposer une nouvelle législation aux pays, sur la question du mariage homosexuel, de l'avortement, de la théorie du gender..., les menaçant dans le cas contraire de ne plus leur verser les aides financières de l'ONU. C'est du beau, quel respect de la souveraineté !
Puis la direction, Lauren, Samantha (d'origine philippine, un des rares pays d'Asie qui refusent jusqu'à ce jour de légaliser l'avortement et ayant une bonne natalité et un renouvellement contrairement à beaucoup de ses voisins, en effet plus de la moitié des pays dans le monde sont en dessous de leur niveau de renouvellement naturel, qui varie de 2,1 à 2,5 selon le niveau de développement du pays, et ce contrairement à ce que disent haut et fort les écologistes dans le monde...)
Et enfin Terrence, le directeur de notre bureau, juriste et excellent connaisseur de tous les problèmes et des idées que notre organisation tentent de défaire.
Nous préparons en ce moment la Conférence sur la Jeunesse, qui aura lieu à l'ONU la semaine qui vient, et organisons des évènements en marge pour informer les jeunes new-yorkais des enjeux d'une telle conférence. Au programme, concerts (un groupe de rock irlandais "Scythian") , conférences, débats, rencontres...
Ma mission dans l'organisation est de rédiger d'ici mi-août un papier sur la démographie russe, l'état démographique du pays, ses effets sur l'économie, sa position géopolitique, ainsi que les politiques publiques mises en place depuis plusieurs années par l'Etat russe et ses effets.
En effet, C-FAM depuis quelques temps se rapprochent de la mission russe auprès de l'ONU, connaissant les effets désastreux qu'a eu l'avortement en Russie depuis la révolution d'Octobre, étant autorisé et recommandé pour "la libération de la femme de la servitude de la famille" selon les mots de Lénine. Beau programme ! Ainsi après 90 ans de pratique de l'avortement, le pays rencontre des difficultés considérables, malgré l'accès à des prix abordables à la contraception (même chose en France, pays dans lequel la contraception est la plus répandue), à augmenter le nombre de naissances, malgré une aide considérable offerte par le gouvernement russe (8000 euros) aux familles ayant un enfant. Il semble à présent que le désir d'un enfant en Russie, soit moins pour des raisons économiques que pour des raisons sociologiques (influence des idées européennes) et médicales (de nombreuses femmes deviennent stériles après un ou plusieurs avortements, ce nombre augmentant de 13% chaque année en Russie ).
Ainsi la Russie commence à changer de position au sein des institutions de l'ONU, elle qui quand l'URSS existait encore, était un ardent défenseur de l'avortement.
Vous avez là en substance le début de mes recherches sur le travail à rendre ! Il devrait être publié courant août dans la lettre d'information de C-FAM, le Friday Fax, paraissant tous les vendredis sur leur site, www.c-fam.org
Tous sont très sympathiques et disponibles quand nous avons des questions. Ils sont de bon conseil pour mes recherches.
Le soir même, on me proposa de me rendre à des débats-discussions sur l'amour et la responsabilité, organisés par un jeune Australien qui avait lancé ce projet dans son pays et qui maintenant le mettait en route à NY. Beaucup de jeunes catholiques (mais pas seulement, certains protestants, athées ou agnostiques viennent y participer, conduits pas leur "fiancé" ou intéressés par leur sujet, j'ai compris ainsi combien la société américaine n'est pas aussi fragmentée qu'elle ne l'est en tout cas en France). La discussion s'appuyait sur un livre d'un jeune américain, commentant l'encyclique sur ce thème de Jean-Paul II.
Très intéressant soirée, pendant laquelle les hommes de mon groupe (les groupes étaient non-mixtes) se livraient sincèrement, racontaient leur expérience personnelle, sans vulgarité.
L'Eglise catholique est très dynamique à NY, elle est la plus grande communauté, grâce aux descendants Irlandais, Italiens, et maintenant avec l'arrivée de nouveaux immigrants d'Amérique Latine (d'ailleurs beaucoup de pubs, de services téléphoniques... sont dans les deux langues).
On ne comte plus les publications chrétiennes, les églises remplies de fidèles, les Universités catholiques, de premier ou de second niveau...
Sinon la vie à NY est très sympathique, c'est un rythme assez fou dans lequel beaucoup de jeunes de tous les Etats-Unis viennent prendre la mesure, espérant grimper dans leur carrière, les jeunes hommes, beaucoup dans la banque habitent Brooklyn ou le Queens quand les jeunes femmes célibataires préfèrent habiter Manhattan, plus proche de la vie culturelle, des sorties, ce qui fait que l'île est habitée à 70% par des femmes !
Dans les faits, il y a beaucoup de célibataires à NY, par rapport à la moyenne américaine, et beaucoup ne désirent pas y vivre plus tard. C'est selon eux, un excellent moyen pour commencer, ils ont du temps, de l'énergie mais dès qu'ils trouvent une bonne opportunité autre part ils quittent la ville.
Beaucoup d'Européens reviennent et beaucoup de talentueux asiatiques arrivent, notamment dans les filières scientifiques, mais pas seulement.
La ville de NY compte, sans la banlieue, 8,5 millions d'habitants dont 3,5 seulement sur Manhattan, île longue de 21 km sur 3km de large.
Vendredi après-midi, Terrence nous a emmené visiter les Nations-Unies, intérieur années 70 un peu cramoisi (!), et un pendule (symbole maçonnique comme dans le Panthéon à Paris au milieu de la coupole) suit sa course mathématique... Une salle de "méditation" trouve place dans le hall, dans le style de celles des aéroports... Quel haut lieu de spiritualité ! Un peu comme les minutes de silence au lieu des minutes de prière dans les obsèques nationales...
Nous sommes montés avec Catherine et Cristina en haut de l'Empire State building pour la modique somme de... 22$ !!!
L'arrivée au 86e étages est impressionnante, cela ne prend que quelques secondes, puis une superbe vue, au-dessus de tous les gratte-ciel aux alentours, sur toute la périphérie de NYC, les Etats qui bordent la ville, New-Jersey, Connecticut et Etat de NY. L'Hudson river l'East river qui viennent bien délimiter la perspective, le grand rectangle vert au Nord de Central Park, îlot de calme et de verdure au sein de la tumultueuse ville.
Cette escapade nous aura tout de même permis de repérer quelques terrasses sur les toits des gratte-ciel. Nous nous sommes rendus sur l'une d'elle, qui offre une vue intermédiaire entre celle de la rue et du haut de l'Empire State. A moitié dans l'air, au milieu des buildings offrant une multitude de tons dans la couleur de leur paroi vitrée, lieu assez jet-set où le plus simple gin-tonic coûte 12$ et où l'on réserve longtemps à l'avance pour pouvoir s'y asseoir et être vu avec ses amis à l'une des tables de la terrasse.
Il y a d'autres terrasses de ce type qui se transforment en club la nuit tombée et certaines ont une piscine perchée au 70e étage...
Le samedi, premier week-end, nous sommes allés sur Governor Island, les bateaux pour Ellis Island, île par laquelle passaient tous les immigrants du NE des EU, arrivant d'Europe en paquebots, à partir de la fin du XIXe siècle. Il ya paraît-il un très intéressant musée qui raconte cette aventure qu'ont vécu tant d'ancêtres des américains.
L'île des Gouverneurs est sympathique bien que petite, un bateau emmène gratuitement les promeneurs, emporter un vélo vous coûte quelques dollars, elle offre une superbe vue du Sud de Manhattan et de la statue de la Liberté.
Puis nous sommes partis pour Brooklyn, traversant à pied le pont du même nom et qui lui offre une vue sur toute l'île de Manhattan, cette fois de l'Est, le pont formant comme un axe symétrique entre les 2 quartiers de tours, au Sud, et au Centre-Nord. Très belle balade.
Le soir j'ai visité la cathédrale Saint-Patrick, très bel édifice néo-gothique entouré de hauts immeubles et sis en face du Rockefeller Center. Il fut construit grâce à la fortune du milliardaire protestant américain du pétrole, n'appréciant pas beaucoup les catholiques.
Sur la minuscule place de ce centre culturel faisant face au portail de la cathédrale a été inauguré une statue d'un homme portant le globe sur ses épaules, tel un atlante, dont la seule volonté et les capacités permettent de dominer le monde. En réponse à cela, dans le déambulatoire de la cathédrale, donc exactement en face de la statue est présentée une icône de la Vierge tenant l'enfant Jésus, tenant le monde dans sa main ! Quelle belle réponse à l'orgueil humain n'est-ce pas ?
Le lendemain ma cousine Séverine me proposa de partir aux aurores avec ses amis Français sur une des plus longues plages de la région de NY, la Fire Island longue de 48 km et large d'un km. La partie où nous étions ne devait pas mesurer plus de 300m !
L'océan Atlantique enfin ! Une eau très bonne et assez salée, et une douce brise venait altérer le cagnard (35-36 degrés Celsius), on ne le sentait quasiment pas.
Les amis de Séverine sont aux EU depuis bien longtemps, l'un depuis 9 ans, travaillant comme chercheur chez Phillips, l'autre ayant monté sa boîte et étant là depuis 17 ans ! Tous deux, éternels célibataires et s’accommodant pas trop mal du système de dating bien que le regrettant au fond.
A New-York il est presque normal de rencontrer plusieurs personnes en même temps, d'avoir en fait plusieurs relations tant que les choses ne sont pas définies. Ils nous disaient combien leur surprise fut grande quand ils réalisèrent qu'ils n'étaient pas le seul que leur chéri rencontrait !
Ils nous racontaient combien les jeunes Françaises à New-York n'arrivent pas à s'y faire, n'étant pas "exclusives" dans leur relation avec les Américains (n'étant qu'une parmi d'autres) sans que cela étonnent ces mêmes Américains. Elles ne trouvent pas leur moitié et souvent décident, entre autres raisons, de rentrer en France.
Néanmoins, ce "dating" à la new-yorkaise diffère beaucoup du reste des EU, qui là sont en principes des relations exclusives, rencontres de deux jeunes qui sont intéressés l'un par l'autre, qui n'ont pas certains amis en commun, mais qui veulent d'abord mieux se connaître avant de commencer toute relation plus personnelle. Intéressant principe.
Quelle surprise quand nous nous préparions à partir faire une longue balade que nous étions entièrement cramés, la crème solaire imparfaitement appliquée, et partie avec l'eau de mer, nous étions couverts d'immenses brûlures sur les mollets, le dos pour moi et derrière les genoux !
Ô semaine de souffrance pour tous !
Le mardi suivant était organisé dans la salle de basketball de la paroisse Old Saint-Patrick une conférence sur le mariage donnée par un des meilleurs professeurs de jurisprudence des EU, le professeur George de l'Université Princeton accompagné de deux étudiants de doctorat en Philosophie et de Sciences-Politiques.
Elle était organisée après le vote par le parlement de l'Etat de NY de la reconnaissance du mariage homosexuel quelques temps auparavant.
Très intéressante conférence, où les jeunes présents ont pu poser beaucoup de questions.
Toutes ces rencontres catholiques me montrent un aspect du parti Républicain, car bien entendu, selon eux il n'y a que ce parti qui défend leurs idées. Et fait très intéressant, ils n'ont pas peur du tout de se présenter comme conservateurs.
Jeudi soir était organisée une soirée de juristes catholiques. Elle avait lieu dans les bureaux d'un magazine d'idées chrétien the "First Things", fondé par le père Richard John Neuhaus, très influent prêtre américain, d'abord devenu pasteur luthérien au Canada puis devenu catholique. Une sorte de Cardinal Newman à l'américaine ... Voici sa page wikipedia, pour ceux intéressés :
http://en.wikipedia.org/wiki/Richard_John_Neuhaus
Cette soirée fur très intéressante, avec tous les âges représentés, entre les avocats finissant leur carrière, les jeunes avocats ayant déjà de l'expérience, ceux qui viennent d'être admis au barreau et enfin beaucoup de jeunes, majoritairement en ONG, comme C-FAM et la "World Youth Alliance" de défense de principes éthiques auprès de l'ONU mais officiellement non confessionnel, et enfin des jeunes en Phd à la Columbia ou de Princeton. Nous avons fini avec un débat entre deux amis se querellant pour pouvoir dire si les films du cinéaste français Eric Rommer étaient-ils ou non chrétiens !!!
Hier, vendredi, un ami de notre organisation, m'a permis de rencontrer le chef de la Section ONG de l'ONU, qui m'a permis de me mettre en contact avec la mission russe auprès des Nations-Unies afin d'avoir d'obtenir des informations pour mon travail.
Je devrai rencontrer un des conseillers de la mission la semaine prochaine.
Voilà donc mes 10 premiers jours à NY !
Au programme la semaine prochaine, conférence sur la Jeunesse à l'ONU, événements culturels en tout genre, visite de la "Frick Collection" (maison d'une famille richissime créee pour accueillir leur collection d'art, à la manière de la Wallace Collcetion à Londres ou plus près de nous l'Hôtel Moïse de Camondo sur le parc Monceau à Paris), suivi d'une lecture, donnée par une jeune française qui y travaille, sur l'art oriental à la cour de Marie-Antoinette.
Si vous avez des conseils de visite à me donner ils sont les bienvenus !
Bravo à ceux qui ont lu jusqu'au bout et à très bientôt,
Quentin
P.S. : En fichier joint j'ai mis une étude rédigée par des chercheurs rattachés à C-FAM sur la manière dont des agences de l'ONU ont tenté et tentent encore aujourd'hui de faire reconnaître un droit international à l'avortement afin de l'imposer aux pays refusant de légiférer.
Il s'appelle "Rights by Stealth", des Droits par la Ruse, nom évocateur. Bonne lecture.
OLKHON, Baikal, 25 MAI, 2011